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XADA POLITICUS
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25 mars 2011

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abughraib2

 

Pétrole. L'ombre de Bagdad plane sur l‘Afrique

 

Américains et Britanniques se cantonnaient jusqu'ici à leur rôle autoproclamé de gendarme historique des ressources pétrolières du Moyen-Orient. Aujourd'hui, ils piétinent leur règle d'or : leurs regards se tournent également vers l'Afrique.

 

Le nerf de la guerre

 

L'empoignade qui vient d'opposer les forces américano-britanniques et irakiennes n'est que la partie immergée de l'iceberg de la géopolitique du pétrole. Depuis plus de 100 ans, les anglo-saxons assument unilatéralement le rôle de gardiens des ressources pétrolières du Moyen-Orient. Après la première guerre mondiale qui vit l'Empire ottoman se disloquer, les anciennes provinces pétrolières passèrent sous contrôle britannique. La seconde guerre mondiale donna raison à la lucidité anglaise : le pétrole était désormais l'objet de toutes les convoitises. Le conflit ne négligea pas la question de l'or noir, que ce soit en Roumanie ou au Caucase. Afin de s'implanter au Proche Orient, les Américains, grands vainqueurs de la guerre, s'empressèrent de courtiser l'Arabie Saoudite, arrachant d'avantageux droits d'exploitation du pétrole pour cinquante années. Les accords de Djedda, signés en février 1945 juste après le partage du monde à Yalta, consacraient la position dominante des Américains, au grand dam des Britanniques qui durent composer avec eux. Et Dieu créa l'OPEP...

 

Après la période des Trente glorieuses où le pétrole coulait à flot, dans des conditions amplement favorables aux Etats impérialistes, les deux chocs pétroliers de 1973 et 1979 devaient les ramener à la raison ; les producteurs des pays pétroliers haussaient le ton en quadruplant le prix du baril en comparaison des années soixante. Depuis, l'OPEP a acquis une position d'interlocuteur redouté par l'Occident. Dans les années 1990, malgré la prise de conscience planétaire du danger représenté par la pollution sur l'avenir du globe et les différentes tentatives de remédier au « tout-pétrole », les Américains déclaraient qu'il fallait continuer à faire jaillir massivement l'or noir. Mais selon les stratèges de Washington, il restait un os : l'OPEP, et en particulier l'Arabie Saoudite. Car aujourd'hui, ce pays n'est plus simplement le « petit frère » des Américains. Le conflit Israélo-palestinien et la

première Guerre du Golfe ont ravivé le mécontentement populaire à l'égard des États-Unis qui gênait les potentats locaux. Du coup, les « Croisés » ne sont plus accueillis en amis. Dès lors, pour l'administration Bush, comment reprendre sérieusement le contrôle du pétrole, avec une Arabie Saoudite de plus en plus ouvertement anti-occidentale, et un Irak gouverné par un tyran peu conciliant à l'égard des « Yankees » ? Ces deux pays possédant les deux plus importantes réserves de pétrole, au moins 400 milliards de barils. Les États-Unis se devaient de réviser leur stratégie. Ils ont donc contourné l'obstacle saoudien en mettant brutalement la main sur l'Irak, mais ils tiennent surtout à diminuer leur dépendance proche orientale en diversifiant leurs sources d'approvisionnement en hydrocarbures. Or en dépliant la carte du monde, les Américains s'aperçoivent que l'or noir jaillit dans d'autres régions ; en Amérique Latine, mais aussi en Afrique où leur lampe torche s'est arrêtée depuis peu.

 

Lampe torche sur l'Afrique

 

L'affaire remonte aux années 90. L'exemple soudanais est édifiant. 1998 : deux attentats d'Al-Qaida secouent les ambassades américaines au Kenya et en Tanzanie. Aussitôt, l'administration Clinton accuse Oussama Ben Laden, alors hébergé à Khartoum par le régime islamiste soudanais. La CIA repère l'usine pharmaceutique d'Al-Shifa, dans laquelle le milliardaire saoudien possède des actions : il ne peut s'agir que d'une usine chimique camouflée. Plusieurs dizaines de « Tomahawks »

 

 

Pétrole. L'ombre de Bagdad plane sur l‘Afrique

 

la détruisent, privant le pays de 70 % de son stock de médicaments. On apprendra vite qu'Al-Shifa était bel et bien une usine pharmaceutique. En 1999, le Soudan exporte pour la première fois du pétrole. Curieusement indifférente, l'administration américaine s'accroche à une vision du Soudan qui se résume à celle d'un « État voyou ». Les Américains soutiennent les rebelles du sud Soudan contre un gouvernement considéré comme terroriste. Novembre 2000, les républicains reprennent les rênes des États-Unis et font volte face au Soudan en poussant les protagonistes de la guerre civile à faire la paix. Un an après, alors que le monde a les yeux rivés sur les décombres du World Trade Center, Bush Jr. rend public le Sudan peace act : si les dirigeants soudanais ne signent pas la paix avec les rebelles, les sanctions économiques vont pleuvoir. Le régime de Khartoum restera sur la liste noire des pays terroristes aussi longtemps qu'il le faudra. John Danforth, l'émissaire américain

au Soudan déclare : « si les opérations militaires cessent et que la paix est rétablie, le Soudan pourrait bien devenir l'un des plus importants producteurs de pétrole du globe ». De fait, la prise de conscience américaine de l'importance stratégique de la corne de l'Afrique date des années 90. Déjà, les « Boys » avaient pris pied en Somalie en 1993, puis en 1996, la CIA débarquant au Kenya pour conseiller les rebelles soudanais, avec succès cette fois-ci. On sent déjà que Washington cherche à prendre position sur le continent noir, n'hésitant pas à tenter de démêler les fils complexes de cette terra incognita. Madeleine Albright ira jusqu'à déclarer : « Nous ne souhaitons pas que les filières d'armement de la région des Grands Lacs soient rendues publiques, car ce sont les mêmes qui alimentent les rebelles soudanais ». La déclaration est antérieure au grand revirement pétrolier, mais elle montre que les États-Unis sont prêts à mette progressivement les mains dans le cambouis afin de s'imposer dans le partage du gâteau africain.

 

Congo-Brazzaville, 1997

 

Situé dans le pré carré français, qui a fait main basse sur le pétrole local en ne laissant que 17 % des revenus d'exploitation au président Lissouba, le Congo est courtisé par Chevron-Texaco. Alors que le Congo exige 33% des recettes d'Elf, la firme américaine lui propose un taux bien plus avantageux, ainsi qu'un premier investissement de 150 millions de dollars cash. Peu après, Pascal Lissouba est destitué a l'issue d'une guerre sanglante qui ramène au pouvoir Denis Sassou-Nguesso. Le " général " a assuré à ses « sponsors » français le retour aux 17 %. Les Américains ont perdu une bataille mais pas la guerre. Petit à petit, ils se placent sur le marché, conscient de leur retard politico-militaro-pétrolier. Récemment, ils ont envoyé quelques centaines de marines aux côtés des forces françaises dans l'opération Licorne en Côte d'Ivoire. Des lobbys comme l'African Oil Policy Iniative group, créé en 2002 attirent l'attention sur le continent noir. L'US National Intelligence council, estime que la part des importations pétrolières américaines provenant d'Afrique doit passer de 15% à l'heure actuelle à 25 % en 2015. Le Nigéria, seul membre de l'OPEP en Afrique noire, est déjà concerné puisque les Etats-Unis lui ont demandé de doubler sa production, rompant en cela la politique de quotas de l'OPEP. L'Afrique sub-saharienne est déclarée « zone d'intérêt vitale». Washington pourrait instaurer un commandement militaire sud-Atlantique pour

« permettre à l'US Navy et aux forces armées américaines de gérer la défense des intérêts des États-Unis et de leur alliés en Afrique de l'Ouest ». Ainsi, les Américains montent en régime. Leurs regards se sont déjà tournés vers les cieux africains. De mauvaises langues pourront rétorquer que ça ne peut pas être pire qu'avec Elf : à tort ou à raison ?

 

Source : les renseignements généreux

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